PERREUIL OU LE TRIOMPHE DE
« L’ARCHITECTURE
NEO- »
CE
PATRIMOINE MECONNU DU 19e
SIECLE
Il
fut de bon ton, à une certaine époque, de railler voire
mépriser les édifices construits par « l’exubérant
dix-neuvième siècle » : les styles
néo-classique, néo-roman et néo-gothique avaient
mauvaise réputation. Aujourd’hui encore, ils n’ont pas
trouvé la faveur du « grand public » qui les
méconnaît. Et on ne décrie bien que ce que l’on connaît
mal. Pire, ce patrimoine est parfois mis à mal par les
pouvoirs publics qui se résignent à leur dégradation ou
leur disparition ; car le patrimoine du
19e siècle commence à vieillir, et parfois
mal vieillir.
En
conséquence, quand une église, devenue une grande
coquille vide, commence à menacer ruine, elle peut se
voir purement et simplement vouée à la destruction.
Ainsi, en allait-il de l’église Saint-Martin
d’Arc-sur-Tille en Côte-d’Or, sans le sursaut d’une
partie de la population qui parvint à alerter l’opinion
nationale sur le sort de cet édifice néo-classique
livré aux pigeons et à l’irrémédiable. Aucun cas de ce
genre n’est pour l’instant à déplorer en Saône-et-Loire,
si l’on excepte l’église néo-gothique de
Saint-Maurice-en-Rivière… qui s’est effondrée
d’elle-même le 24 janvier 1966.
A
l’inverse, d’heureuses initiatives pourraient illustrer
l’intérêt que suscite parfois le patrimoine cultuel du
19e siècle. Qu’on nous permette de signaler,
parmi d’autres, la rénovation récente des églises de
Melay ou de Dracy-les-Couches. La restauration des
décors peints du 19e siècle dans les églises
romanes, comme à Baugy ou Collonges-en-Charollais,
montre que ces derniers ne desservent pas
l’architecture mais, mieux que les badigeons ternes ou
l’écorchage des enduits, ils contribuent à renouer avec
la tradition de polychromie des églises
médiévales.
La
communauté de Perreuil, rattachée sous l’Ancien Régime à
la paroisse de Saint-Bérain-sur-Dheune, est exemplaire
pour le patrimoine architectural dont elle a dû par
nécessité se doter au 19e siècle, en
conséquence de son érection en commune : une
mairie-école de style néo-classique, une église de
style néo-roman, une école de style néo-gothique. Ces
édifices sont représentatifs de l’œuvre accomplie par
les architectes de cette époque. Bien que leurs noms
soient peu familiers du public, il faut reconnaître que
nous leur devons la plus grande part du patrimoine de
nos communes, qu’il s’agisse des églises, mairies,
écoles, presbytères, lavoirs, halles et bureaux de
poste.
Le
bâtiment destiné à servir de mairie
et d’école pour les garçons,
que fait édifier la municipalité de Perreuil en 1850 par
l’architecte chalonnais Moreau, est sans doute l’une
des manifestations tardives de l’architecture
néo-classique qui a surtout marqué la période 1820-1845.
Pour les églises, le portique classique avec fronton et
colonne s’est assez peu développé en Saône-et-Loire,
contrairement à la Côte-d’Or : citons
Sennecey-le-Grand, Igé, Laives, Chauffailles… Des
architectes comme le chalonnais Lazare Narjoux, auteur
de la halle ronde à Givry, s’était lui-même converti au
néo-gothique pour certaines de ses églises, Saint-Cosme
à Chalon notamment, réservant le fronton classique et
les baies en plein-cintre à ses nombreuses
mairies-écoles : Remigny, Epervans, Etrigny,
Laives, etc.
Les
réalisations de Moreau n’en paraissent que davantage
décalées dans le nouveau paysage
architectural qui se dessine au milieu du siècle,
avec l’essor du néo-roman et du néo-gothique. La mairie
de Perreuil, dont les travaux furent menés à bien par
un entrepreneur local (Dumont) pour un coût de
7 575 F, annonce,
en plus modeste, la monumentale façade que Moreau
proposera pour l’hôtel de ville de Chagny en
1853 : appareil régulier, pilastres couronnés de
chapiteaux, baies en arc plein-cintre, piédroits,
linteaux et corniche moulurés, fronton ajouré d’un
oculus quadrilobé.
L’édifice
de Perreuil, restauré dans le cadre d’une opération
« Cœur de village », bénéficie d’une mise en
scène sur l’espace public qui tend à le valoriser. On
peut regretter le traitement des maçonneries, dont
l’appareil très irrégulier est de ceux qui
s’accommodent plus volontiers d’un enduit ; rien
d’irréversible cependant.

Le
style néo-classique est suffisamment rare dans
l’architecture civile de l’Autunois pour qu’on le
remarque. Vers la même époque, l’architecte autunois
Emile Berdin dotait la mairie de Lucenay-l’Evêque d’une
belle façade de ce style. L’inspiration en venait
peut-être de l’hôtel de ville d’Autun, conçu en 1832
par l’architecte Jean-Marie Régnier, à l’atelier duquel
Berdin avait travaillé ; avant qu’il ne soit
surélevé d’un étage en 1900, cet édifice présentait une
colonnade couronnée d’un entablement supportant un
fronton, à la manière des nombreux palais de justice
qui s’élèvent en France à cette époque. D’autres
mairies
de
Saône-et-Loire ont connu cette influence
classique : Toulon-sur-Arroux, Fontaines, Palinges,
Sain t-Loup-de-La-Salle, … sans oublier l’hôtel
de ville du chef-lieu de canton, Couches, œuvre du même
Régnier, qui fut encore appelé dans le village voisin de
Saint-Jean-de-Trézy pour dresser le projet de
mairie-école. À Couches, s’observent plusieurs belles
demeures du 19e siècle inspirées du classicisme, pour
des commanditaires appartenant à l’aristocratie locale,
qui voyaient peut-être là un moyen de maintenir
certaines traditions : immeuble proche de l’église
Saint-Martin pour les Florin de Montpatey, château de
Mardor pour les Montagu – qui restaureront le
château-fort dans un tout autre style, sans oublier ce
curieux fronton en élévation-feinte* aux Bertrands.
La
Dheune
avait déterminé la limite entre les territoires de
Saint-Bérain-sur-Dheune et Perreuil pour la nouvelle
carte administrative mise en place pendant
la Révolution. Cependant,
l’église de Saint-Bérain était ainsi restée sur la rive
gauche, sur le territoire de Perreuil, comme le
presbytère situé à Etevoux. Saint-Bérain se dota d’une
nouvelle église sur la rive droite en 1834, date à
laquelle la vieille église est désaffectée. Une nouvelle
délimitation des communes de Saint-Bérain-sur-Dheune et
Perreuil intervient en 1864, suivie d’une ordonnance de
l’évêque d’Autun, Mgr de Marguerye, qui répartit les
paroissiens de Perreuil entre Saint-Bérain et
Saint-Jean-de-Trézy.
En
1857, l’architecte Moreau est à nouveau sollicité pour
dresser les plans d’une église, édifice dont la commune
est toujours dépourvue. Mais le projet reste sans suite,
le ministère des Cultes ayant fait savoir que Perreuil,
ne possédant aucun titre de cure ou de succursale, ne
pouvait prétendre à un secours de l’Etat ;
l’administration avait en revanche justement fait
valoir que le sous-sol du village renfermait de la
pierre de taille facile à employer sur place, ce qui
« pourra diminuer sensiblement la
dépense. »
En
1865, la question de l’église revient à l’ordre du jour
au Conseil municipal qui la justifie en ces
termes : « Il est de toute nécessité d’avoir
une église à Perreuil attendu que depuis plus de dix ans
le projet est mis en évidence, que la population qui
est de près de 300 habitants […] se trouve privée des
lumières de la religion ainsi que de ses bienfaits […]
Il faut faire 7 km (aller et retour)
dans de mauvais chemins, et l’église à laquelle se
trouve annexée la commune de Perreuil, n’est plus en
harmonie avec le nombre de sa
population. » Pour financer l’opération, on
envisage de vendre des terrains communaux. La
municipalité fait alors appel à l’architecte
départemental André Berthier. Les travaux sont adjugés
en 1865 à l’entrepreneur Dominique Chambrion, de
Montcenis ; le décompte général
(36 664 F) est daté
de 1869. La même année, une souscription publique permet
l’achat d’une cloche. Dès 1868, Berthier avait
recommandé le sculpteur Vaillant pour la confection
d’une table de communion, d’une chaire et de fonts
baptismaux ; la réalisation dut être en partie
ajournée, car on voit en 1882 le conseil municipal
voter un crédit de 600 F pour compléter le
mobilier (bancs, fonts, bénitiers).
La
fécondité architecturale d’André Berthier (1811-1873),
qui cumulait les fonctions d’architecte diocésain et
d’architecte départemental, a littéralement constellé
le département d’églises (près d’une cinquantaine), à
tel point que les historiens Raymond et Anne-Marie
Oursel ont qualifié d’« ère Berthier » le
milieu du 19e siècle [Les églises de
la
Bresse, Ed. Hérode, 2004, p.95]. Le
plus important de ses édifices est l’église Saint-Pierre
de Mâcon ; un travail de maîtrise en histoire de
l’art a mis en évidence un groupe d’églises apparentées
à ce modèle, et pourvues d’un déambulatoire
d’inspiration clunisienne : Charolles, Gueugnon,
Matour et Romanèche-Thorins.
Pour l’Autunois, les églises de Perreuil et de
Saint-Pantaléon sont les deux seuls édifices religieux
de Berthier. Pour reprendre à nouveau les termes de R.
et A.M. Oursel, Berthier se révèle « habile à
composer en une forme unique et solidaire les héritages
du roman tardif et du gothique primitif » :
l’église de Perreuil en est une illustration. Ajoutons
que le rayonnement de Berthier a pu s’étendre à
l’architecture civile, principalement dans la région de
Tournus et dans la Bresse louhannaise, pour
lesquelles on lui doit les mairies et écoles communales
de Préty, Ratenelle, Gigny-sur-Saône, Beaurepaire,
Montcony, Dommartin-les-Cuiseaux. Rappelons encore que
la maison d’arrêt d’Autun, conçue par Berthier comme
une rotonde sur laquelle ouvrent directement les
cellules, est considérée comme un modèle expérimental
d’architecture carcérale en France.

Orientée
selon la tradition avec le chœur à l’est, l’église de
l’Assomption de la Sainte-Vierge de Perreuil,
se compose d’une nef unique à trois travées, éclairée
par de hautes fenêtres, et couverte d’une voûte à
croisée d’ogives. A la suite d’un large transept,
ajouré de baies trijumelles, et sur lequel se greffent
deux absidioles, la nef ouvre directement sur le chœur
terminé par une abside circulaire qu’animent cinq baies
en plein-cintre. La voûte retombe sur des pilastres
cannelés, inspirés de ceux de la cathédrale d’Autun, et
des colonnes engagées, les uns et les autres couronnés
de chapiteaux à décor végétal ou fantasque. L’ensemble
ne manque pas d’élégance, malgré une certaine surcharge
ornementale.
Extérieurement,
la monumentalité s’est principalement portée sur le
clocher-porche aux dimensions imposantes. Au-dessus du
portail en plein-cintre retombant sur des colonnettes à
chapiteaux, la façade s’anime d’une rangée d’arcatures
et d’une baie en plein-cintre à trois ressauts, dont les
arcs retombent sur des colonnettes et des piliers
cannelés ; le maître d’œuvre a manifestement joué
sur la polychromie du matériau. L’ensemble est couronné
par un clocher carré à deux étages que coiffe une flèche
couverte d’ardoise ; alors que le premier niveau
est traité à la manière « lombarde* », et
percé d’une baie unique sur chaque face, le beffroi est
ajouré de baies trijumelles à colonnettes ; la
corniche est festonnée de fines arcatures. Des
contreforts, qui trahissent les divisions intérieures,
rythment les murs gouttereaux et l’abside, seulement
animés par les modillons des corniches. Le chevet, avec
ses trois absides, n’est pas sans rappeler celui de
l’église romane voisine de Saint-Jean-de-Trézy.
L’appareil
employé est de grande qualité : grès blonds mettant
les baies en valeur, le clocher et les voussures de la
façade où n’est pas absente une certaine
polychromie ; calcaires clairs pour les éléments
sculptés ; calcaires à gryphées pour les
maçonneries composées de moellons soulignés par des
joints saillants. En résumé, une réalisation soignée,
qui fait à la fois honneur à la géologie locale et à
l’architecture religieuse de cette région ayant
généralement conservé ses vieilles et discrètes églises
romanes, au clocher simplement couvert d’un simple toit
en bâtière (Essertenne, Saint-Firmin,
Saint-Pierre-de-Varennes, Morey,
Saint-Bérain).
Jugé
austère et archaïque, le style néo-roman a connu un
succès limité en Saône-et-Loire en dehors des
réalisations de Berthier, au contraire du style
néo-gothique qui aura la préférence des architectes.
Importé d’Angleterre et d’abord caractérisé par un
décor exubérant, le néo-gothique
« troubadour » laissera peu à peu place à un
néo-gothique moins fantaisiste, plus
« archéologique », encouragé par une école de
pensée rationaliste exprimée dans les Annales
archéologiques d’Adolphe
Didron, mais surtout théorisée par Eugène Viollet-le-Duc
à travers son monumental Dictionnaire
d’architecture et
ses Entretiens. Ce dernier affirmait péremptoirement que
le style gothique, notamment celui du 13e
siècle qu’il qualifiait de « style national »
et typiquement français, pouvait prétendre incarner
pleinement les valeurs religieuses et sociales du
19e siècle, en lui appliquant les techniques
modernes de construction.
Cette
référence au Moyen Age eut de plus la faveur d’une
fraction grandissante du clergé qui y vit le vecteur
idéal d’une re-christianisation de la
France, sans recours obligé au style
classique de l’Ancien régime qui pouvait revêtir un
caractère réactionnaire. Par ailleurs, sous l’influence
d’architectes comme J.B. Lassus et Viollet-le-Duc
lui-même, la reconstruction et la restauration des
grandes cathédrales mit en exergue le style gothique, de
telle sorte que le néo-gothique parut convaincant aux
pouvoirs publics, qu’il s’agisse de la
Commission des Monuments historiques,
du Conseil des Bâtiments civils ou du service des
Edifices diocésains, institutions pour lesquelles ce
style permettait de proposer des projets plus
rationnels, donc plus économiques. Enfin,
le
Génie
du christianisme de
Châteaubriand,
et Notre-Dame
de Paris de
Victor Hugo, eurent leur part d’influence, chacun à leur
manière, dans le renouveau du goût médiéval.
Dernier
acte donc de la création architecturale à Perreuil au
19e siècle : la construction d’une école
pour les filles, comme la loi y contraignait la
commune. La municipalité fit appel à l’architecte
François Dulac, par ailleurs maire de Savianges et
conseiller général du canton de Buxy, personnellement
engagé politiquement dans la promotion de l’école
républicaine, et d’autant plus assurément qu’il devint
sénateur en 1892.

L’école
de filles de Perreuil,
dont les travaux sont adjugés en 1883 à l’entrepreneur
Simon Marcel, du Creusot, répond à une typologie chère à
Dulac : plan en L composé d’un bâtiment à étage
pour le logement, sur lequel se greffe une aile d’un
seul niveau pour les classes et pour la galerie-préau
dans-œuvre. Le chantier traîna suite à la faillite de
l’entrepreneur. Le décompte de 22 223
F daté de 1885, fut financé par un
emprunt, et pour plus de la moitié par une subvention de
l’Etat. Pour la petite histoire, l’entreprise fut
achevée par un autre entrepreneur creusotin, Gaspard
Bourdiau, qui s’était porté caution de l’adjudicataire
initial. Las d’attendre le versement du solde une fois
le chantier terminé, il scella les portes de l’école à
la veille de la rentrée. Les autorités s’en émurent au
point de prévoir le coup de force, mais le maire put
rentrer en possession des locaux et, selon son
expression, « sans recourir à la force
armée » !
On
a montré ailleurs combien l’œuvre de Dulac, riche de
plus d’une trentaine de mairies-écoles en
Saône-et-Loire, profondément influencée par la pensée
de Viollet-le-Duc, occupe une place à part dans
l’architecture publique départementale : façades
monumentales élevées complètement en moellons de
pierre, solidement encadrées par un appareil en pierre
de taille pour les ouvertures, les soubassements, les
chaînes d’angle, les bandeaux, les têtes de cheminée,
les rampants de pignon. Comme son maître à penser,
Dulac pense que le décor n’a de sens que s’il est lié à
la structure : à Perreuil, il se limite à la
généralisation du chanfrein* dans toutes les
ouvertures, aux crossettes de pignon, à un linteau en
accolade, aux modillons qui animent la corniche. C’est
du traitement du matériau que résulte la solennité de
l’édifice, voire une certaine austérité, atténuée par
la couleur ocre des encadrements d’ouverture (pierre de
Saint-Vincent-Bragny en Charolais), par l’arrondi et le
rouge de ses arcades briquetées, et plus encore de nos
jours par l’habillage coloré des huisseries.
Car
Dulac allait ajouter sa touche personnelle aux principes
constructifs sortis des ouvrages de
Viollet-le-Duc : la galerie
ouverte sur l’extérieur par une série
d’arcades.
Il semble que cette heureuse trouvaille soit née de la
nécessité de répondre à l’exigence des règlements pour
les constructions scolaires de 1880, qui faisait
obligation aux communes de prévoir un local pour les
travaux manuels et la pratique de la gymnastique.
Elever une galerie dans-œuvre plutôt qu’une salle
supplémentaire répondait à la fois au principe
d’économie, au souci pratique de ménager des récréations
quelle que soit la saison, tout en laissant à la
créativité de l’architecte la latitude de s’exprimer à
l’aide d’un procédé simple et efficace : l’arcade
briquetée retombant sur des piles monolithiques,
grammaire architecturale plus communément appliquée aux
édifices religieux qu’aux bâtiments civils.
Il
est aisé, par l’analyse des archives de l’architecte, de
démontrer que le procédé fut mis en œuvre pour la
première fois à Perreuil, même s’il avait été dessiné
dès 1882 pour un projet scolaire à Burgy. Amplifié en
déployant deux séries d’arcades symétriquement de part
et d’autre d’un corps central, cette disposition
aboutit à ces chefs-d’œuvre d’équilibre et d’élégance
que sont les mairies-écoles d’Ecuisses et de
Saint-Martin-en-Bresse. Voûtés et placés en
soubassement, les préaux constituent aujourd’hui des
espaces remarquables quand ils sont convertis en
bibliothèque et salle des fêtes (Cussy-en-Morvan), ou en
auberge rurale (Sommant). Les arcades, développées sur
un rythme ternaire, donnent beaucoup de charme à
l’ancienne école de Saint-Bérain-sur-Dheune ou aux
mairies de Bissy-sur-Fley, Saint-Germain-les-Buxy,
Saint-Mard-de-Vaux.
Aux
confins des vignobles du Couchois et des
« embouches » autunoises et charolaises, à
deux pas du Creusot qui fabriquait ici ses produits
réfractaires, Perreuil compte encore dans son village
quelques maisons vigneronnes. Les hameaux du Chapitre
et d’Etevoux conservent de beaux ensembles de bâtiments
liés au Chapitre de la cathédrale d’Autun, l’un des
seigneurs du lieu avant la Révolution.
On
vient de voir comment les vélléités d’indépendance de
cette communauté vis-à-vis de la paroisse-mère, a su
s’exprimer à travers son patrimoine tout au long du
19e siècle. Pour reprendre la belle image de
l’historien J.M. Léniaud, spécialiste de l’architecture
du 19e siècle, une œuvre en quelque sorte
« chrysalide », entre la
« chenille » de l’architecture traditionnelle
qui est l’héritage des siècles, et le
« papillon » de la modernité : il y a
sans doute une place pour cette architecture à part
entière, qui ne fut pas qu’un effet de mode, et qui ne
mérite aujourd’hui ni l’indifférence ni le mépris. Le
patrimoine de Perreuil a pour cela valeur d’exemple.
* Elévation-feinte : élévation
d’un mur donnant l’illusion qu’il appartient à un
bâtiment.
* « manière
lombarde » : désigne
une maçonnerie en saillie destinée à raidir le
mur ; procédé attribué aux maçons lombards des
églises romanes du 11e siècle, en fait
généralisé à l’architecture religieuse de cette
époque.
* Chanfrein : la
pierre est taillée de façon à supprimer l’arête
vive ; pour Dulac, ce procédé répondait à un souci
esthétique et à une nécessité pratique (éviter les
blessures des enfants, et l’éclatement de la
pierre).
Sources
et bibliographie.
Archives
départementales de Saône-et-Loire : dossiers
communaux : O 1498 ; inventaire départemental
du Patrimoine (Raymond et Anne-Marie Oursel) :
Perreuil : église.
Archives
de la mairie de Perreuil.
LENIAUD,
Jean-Michel, Viollet-le-Duc et
les délires du système, Mengès, 1994.
SONNET,
Bernard, Edifices cultuels
« néo » de Bourgogne : un patrimoine
méconnu et souvent décrié, Pays de Bourgogne n° 195,
mars 2002, p. 21-34.
DESSERTENNE,
Alain, François
Dulac (1834-1901) maître d’œuvre de l’architecture
républicaine, Images de Saône-et-Loire, n° 123,
septembre 2000.
DESSERTENNE,
Alain, GEOFFRAY, Françoise, HERITIER, Thomas, PIROU,
Jean, Maisons d’école en Saône-et-Loire,
architecture de François Dulac, 1867-1899, Ecomusée
Le Creusot-Montceau, 2010.
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