La Chapelle-sous-Dun
À La Chapelle-sous-Dun,
une pétition est envoyée au préfet en 1846 contre le projet municipal de
construction d’après les plans de l’architecte lyonnais Fléchet ; la
fronde est menée par 28 propriétaires qui contestent l’emplacement choisi
et le montant du devis (12 500 F) ; mais cette opposition est
aussi constructive, puisqu’elle offre un terrain pour agrandir le cimetière et
élever une cure qui fait défaut ; elle s’engage en outre à fournir
matériaux et main-d’œuvre bénévole pour réparer l’église existante. Néanmoins,
le conseil municipal, appuyé par le conseil de fabrique, adopte le projet
Fléchet en faveur duquel une souscription a réuni 2 655 F. L’enquête
publique, exigée par l’administration, récolte 86 avis favorables face à
37 opposants qui dénoncent le fait que 55 ouvriers mineurs, étrangers
à la commune, auraient apporté leur soutien au projet. La rupture politique de
1848 amène une nouvelle municipalité défavorable à la reconstruction, mais les
manœuvres du maire paraissent bientôt suspectes au préfet qui menace de le
révoquer. Le projet Fléchet ayant été repoussé par le conseil des Bâtiments
civils, on fait appel à Berthier dont les plans et le devis sont adoptés et mis
en œuvre en 1850 ; la croissance de la population, conséquence de
l’activité minière, nécessite un agrandissement de l’église dès 1865.
Chassigny-sous-Dun
À Chassigny-sous-Dun,
c’est dès 1826 qu’une pétition est signée devant notaire par 52 habitants
qui s’opposent à la translation de l’église souhaitée par la municipalité. Une
dizaine d’années plus tard, la fabrique commence de faire regrouper les
matériaux nécessaires à l’agrandissement de la vieille église. Deux camps vont
désormais s’affronter pendant une décennie ; le premier s’exprime par la
voix de M. Terrasse de Tessonnet, conseiller municipal et châtelain du
Bief, soutenu par 107 signataires : « Le voisinage seul du
château des anciens seigneurs avait jadis déterminé le placement (sic) de
l’église sur ce point défectueux […]. Nous avons supporté notre mal en
patience, tant que l’église a pu tenir sur pied, telle qu’elle est. »
(mémoire du 8.03.1841). Le camp adverse, appuyé par la fabrique, apporte les
fonds d’une souscription publique montant à 10 350 F. Le rapport de
l’ingénieur lyonnais Catenod était censé arbitrer le différend en déterminant
Le Villard comme emplacement le plus favorable, et qui n’éloignerait que
douze foyers du nouveau chef-lieu ; il suscite au contraire une nouvelle
pétition des opposants. Tirant exemple des églises neuves qui s’élèvent tout
autour de Chauffailles, la municipalité qui souhaite en finir, accepte le don
d’un terrain et vote l’acquisition d’un emplacement complémentaire ;
l’arrêté préfectoral du 30 juillet 1851 et l’approbation du projet
dressé par Berthier le 17 décembre suivant, entérinent définitivement le
choix du Villard comme nouveau chef-lieu. La construction de l’église est
largement soutenue par des souscripteurs (10 150 F), la fabrique (5 000 F)
et un emprunt auprès de particuliers (6 000 F à 5 %).
Dyo
La détermination d’un
lieu pour implanter une église à Dyo fut amplement débattue et nécessita de
longs arbitrages de la part de l’administration et de l’autorité religieuse,
dont les rapports témoignent de l’irrationalité des points de vue :
« Si cette situation se prolongeait, écrit le sous-préfet, les fonctions
de maire seraient aussi impossibles que le ministère du curé. Ce ne sont plus
des discussions sérieuses et raisonnables, ce sont des coteries excitées les
unes contre les autres. Outre l’intérêt personnel et l’amour propre, toutes les
passions sont en jeu. » (lettre au préfet, 11.06.1867). Les parties
s’affrontent en 1866 au moyen de pétitions appuyées de souscriptions : l’une,
non légalisée par le maire, apporte 8 000 F « sous la condition
expresse que l’église nouvelle sera construite au centre de la commune, le long
du chemin de Paray à Colombier, entre Coptier et la croix de
Perche » ; la seconde, légalisée, n’apporte que 4 000 F « à
condition que l’église sera reconstruite au bourg actuel et que le cimetière ne
sera pas déplacé. » Évêque et sous-préfet s’accordent à penser que le
lieu-dit Le Charne occupe une position sinon centrale, du moins à portée
de tous les chemins. On est parfois surpris par les arguments de
l’administration : « Le Charne est au point de vue de tout le
pays le point le plus pittoresque de la commune, sur le chemin du bourg à Mans,
d’une grande fréquentation », alors que la croix de Perche est un lieu
caché du vieux bourg qui « ne pourrait même pas jouir de la vue du
clocher »…
Au problème du choix de
l’emplacement, s’ajoute la difficulté de mener à bien un projet de
construction, celui de l’architecte départemental Dominique ayant été rejeté
par les Bâtiments civils, tandis que Berthier et Della-Jogna sont sollicités,
sans suite. C’est donc bien sur la colline du Charne que l’église sera élevée
de 1866 à 1870 sous la conduite de l’architecte Giroud, alors qu’une
mairie-école est bâtie au vieux bourg dès 1865 ; il faudra attendre pour
que le nouveau chef-lieu accueille l’école de filles en 1884, puis un groupe
scolaire avec mairie en … 1926 !
Saint-Marcelin-de-Cray
Comme on l’a vu, la
détermination d’un chef-lieu à Saint-Marcelin est intimement liée aux relations
avec la commune de Cray jusqu’à leur fusion en 1861. En 1852, la municipalité
de Cray déplore que l’église de Saint-Marcelin, à laquelle Cray est unie depuis
1806, soit exigüe au point que « les fidèles sont obligés d’assister aux
offices en plein air» (délibération du 2.02.1852) ; aussi demande-t-elle
que l’église de Cray soit érigée en chapelle vicariale ; malgré
l’opposition de Saint-Marcelin, l’affaire avance jusqu’en 1858 : un projet
d’agrandissement de l’église de Cray est dressé par l’architecte Loron dont le
devis de 11 000 F est loin d’être couvert par une souscription
publique (2 383 F) et le concours de la fabrique
(3 000 F) ; d’autant plus que la commune s’est aussi engagée dans
l’acquisition d’un presbytère à La Grangerie. Toutefois, le projet
d’église neuve ne fait pas non plus l’unanimité à Saint-Marcelin, où une partie
de la population juge que l’ancienne pourrait être réparée. Le conseil de
fabrique soutient le projet d’agrandissement avec le produit d’une vente
immobilière et une souscription publique, alors que le curé, le maire et une
partie du conseil municipal sont prêts à adopter le projet de construction
proposé par Berthier. Au final, État, commune et fabrique se retrouveront pour
financer le chantier a minima : le clocher ne sera élevé qu’en 1873
sous la direction d’Adrien Pinchard, élève de Berthier, et les chapelles
latérales prévues initialement ne seront jamais construites.
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